HISTOIRES ET ANECDOTES DE VITRAC

 

 

 

Extrait du livre : "Les maisons hantées" de Camille Flammarion - 1923 -

Spiritualisme et matérialisme

" Je rêvai que faisant une course à bicyclette, un chien venait se jeter au travers de la route et que je tombais à terre, brisant la pédale de ma machine. Le matin, je racontai la chose à ma mère, qui sachant combien d'habitude mes rêves sont exacts, m'engagea à rester à la maison. Je résolus, en effet, de ne pas sortir, mais vers 11 heures, au moment de nous mettre à table, le facteur apporta une lettre nous informant que ma sœur, qui demeurait à environ 8 km, était malade. Oubliant tout à coup mon rêve, pour ne songer qu'à prendre des nouvelles de ma sœur, je déjeunai au galop et partis à bicyclette. Mon voyage s'accomplit sans encombre jusqu'à l'endroit où je m'étais vu,  la nuit précédente, roulant dans la poussière et brisant ma machine. A peine mon rêve avait-il traversé mon esprit qu'un énorme chien déboucha tout à coup d'une ferme voisine, cherchant à me mordre la jambe. sans réfléchir, je voulus lui envoyer un coup de pied, mais au même moment, je perdis l'équilibre et tombai sur ma machine, dont je brisai la pédale, réalisant ainsi mon rêve dans ses moindres détails. Or, remarquez, je vous prie, que c'était bien la centième fois pour le moins que je faisais ce trajet sans que jamais j'eusse eu à déplorer le moindre accident"

Amédée Basset, Notaire à Vitrac(Charente)

 

 

 

 

 

En Charente au coin du bois, le BOA faisait "coin-coin"

Article de la Charente Libre du 11 août 1963

Le Grand Jauniat, commune de Vitrac Saint Vincent : quelques fermes à flanc de coteau, au-dessous un bois qui borde un ruisseau. Dimanche, ce paisible hameau était en émoi. Plusieurs habitantes du village avaient aperçu un animal étrange, long de plusieurs mètres, qui serpentait à la lisière de la forêt. Elles alertèrent l'épicier du bourg, M. Normand. Ce dernier téléphona aussitôt à un garde-chef de la fédération de chasse, M. Précigout, qui habite dans une commune. distante de quelques kilomètres, Saint Quentin, et lui signala qu'un boa avait été vu à Vitrac. S'agissait-il d'un reptile échappé d'une ménagerie? Justement, un cirque était passé dans la région quelques temps auparavant.

Quoique très sceptique, le garde-chef voulut en avoir le cœur net. Il prit son fusil pour gros gibier et deux habitants de Saint Quentin eux aussi armés, tinrent à l'accompagner : M. Guine, tireur réputé qui avait vécu plusieurs années aux colonies, et M. Granet, ancien caporal chef de la coloniale. Les trois hommes arrivèrent à Vitrac en début de matinée. L'épicier du bourg se joignit à eux et la battue commença.

Le doigt sur la détente, tandis que régnait une chaleur tropicale, les chasseurs passèrent le bois au peigne fin, mais le boa se dérobait toujours à leur regard. Ils descendirent dans le fond du vallon, où coule la rivière, et virent effectivement, des traces laissées sur la berge humide. Mais le mystère ne tarda pas à s'éclaircir. Ils se rendirent bientôt compte que l'animal pris pour un boa n'était en vérité qu'une troupe...de vingt-trois canetons marchant à la queue leu-leu derrière leur mère. Leur longue ligne sinueuse et bigarrée avait de loin créée une illusion d'optique - illusion qui a coûté fatigue et déception aux membres de la battue.

 

 

 

 

 

Apparitions mystérieuses

Source : Châteaux, Logis et Demeures anciennes de la Charente - Librairie Bruno Sépulchre - 2005-

 [...]Au début du XXème siècle, Saint Vincent appartenait au marquis de la Motte Saint Genis. Le logis qui bénéficie alors d'une sinistre réputation brûle en 1947. Nombre de ses propriétaires ont été victimes de mystérieuses malédictions. [...] Le logis de saint Vincent, théâtre de phénomènes particulièrement étranges, est le seul en Charente où l'on nous ait assuré de la présence d'une apparition ou fantôme, sous l'aspect d'une religieuse sans visage. En recherchant quelques renseignements sur l'ancienne paroisse voisine, elle aussi fantôme, de Saint Vincent, on découvre non sans étonnement que le logis qui nous intéresse, fut remis en état au début du XIXème siècle avec les pierres de l'ancienne église paroissiale de Saint Vincent! Les spirites y trouveront leur bonheur... 

Ceci explique peut-être cela... d'après les recherches de l'abbé Jammet

[...]Philippe de Voluyre portera le titre de Chevalier de Saint Vincent et épousera le 5 septembre 1719 Anne de Chamborant, fille du seigneur de Villevert, paroisse d'Esse. De cette union, naquit Marie-Elisabeth à Saint Vincent le 24 décembre 1720. Elle épousera le 26 octobre 1737, Jean de James, Chevalier de Saint-louis, seigneur de Longeville. Comme enfants, ils eurent Louise, Pierre, Charles - Philippe et Marie-Aimée. Cette dernière qui fut religieuse se retira à Saint-Vincent et fut guillotinée en 1794 à Paris. [...]

 

 

 

 

Terrible erreur judiciaire

Réécrit par Alain Bohère d'après un fait réel relaté par Léon Tardieu. (les noms de familles ont été volontairement tus)

 L'histoire que je vais vous conter s'est déroulée à Vitrac à la fin du XIXème siècle en l'an 1888.

 Louis, propriétaire, artisan du bourg, possédait un bien au lieu dit La Garenne près de l'écluse. Les terres de cet homme étaient exploitées par un métayer, Jean, qui lui-même employait un domestique prénommé Alfred. Au mois de juin, le 3 qui était jour de foire, patron et domestique se retrouvent autour d'une chopine, puis une deuxième, une troisième...Ils boivent plus que de raison et soudain éclate une dispute entre les deux hommes qui en viennent rapidement aux mains.  Séparés, ils rentrent chez eux et ne se retrouvent que le lendemain pour une nouvelle journée de labeur. Le travail terminé, Alfred sur le départ s'adresse à son patron : "Tu en auras du regret !"

Six mois plus tard, une nuit de décembre, Jean et sa femme se réveillent en sursaut. Ils pensent tout d'abord que le vent souffle en tempête sur le village mais Jean constate qu'en fait de tempête, ce sont les bâtiments de la ferme qui sont la proie des flammes. Sa femme et lui sortent chercher de l'aide. Le sacristain de l'époque, Pierre Braquet, se précipite à l'église pour sonner le tocsin. Alertés par la cloche et la lumière vive de l'incendie, les gens du bourg accourent un seau à la main. L'écluse est à quelques dizaines de mètres du foyer et les braves gens organisent une chaîne et puisent l'eau sans ménager leurs efforts pour éteindre le feu. Hélas, ceux-ci seront vains et ce sont des bâtiments ravagés par les flammes que découvre le petit jour.

Jean dépose plainte certain qu'Alfred est le responsable de ce désastre. Quelques jours plus tard, le 27 décembre, magistrats, maire, conseillers municipaux, instituteurs et leurs élèves se retrouvent sur place et instruisent le procès du domestique. La justice est rendue et celui-ci se retrouve malgré ses protestations véhémentes  condamné aux travaux forcés. C'est début janvier 1889, qu'Alfred est déporté au bagne de Cayenne en Guyane française.

Deux ans plus tard, un vieillard du village qui habitait près du presbytère, sentant sa fin venir, fait appel au prêtre et à deux témoins. A leur stupéfaction, il avoue avoir été l'auteur de l'incendie pour se venger de Jean, le métayer. Le jugement est bien entendu remis en cause mais c'est dans un état lamentable qu'Alfred le domestique, injustement condamné et à jamais traumatisé, va retrouver Vitrac, son village. Alfred était père de deux enfants. Il décédera cinq ans plus tard.

 

 

 

 

Les recommandeuses et "lou devar"

Écrit de  l'abbé Jammet

 

Dans les siècles passés, la mortalité infantile, les épidémies chez les hommes et les animaux, pour un peuple éleveur de bestiaux, ont développé au maximum, chez nous, les dévotions. Chaque paroisse avait sa "recommandeuse", celle qui met sous la recommandation d'un saint.

Elle croyait avoir un don, comme nos guérisseurs. Quand on venait la consulter, elle prenait un récipient rempli d'eau bénite ou de la fontaine, et après s'être signée, elle allumait un bois de noisetier coupé au matin de la Saint-Jean. Pendant qu'il brûlait au-dessus du récipient, elle récitait une sorte de litanie des saints patrons des paroisses voisines. Le charbon surnageait-il? Si oui, le saint évoqué était favorable mais s'il s'enfonçait, le saint nommé était responsable du mal. Il fallait alors apaiser cette force malfaisante, se rendre à l'église dont il était patron et faire la dévotion, on disait "lou devar". Parfois, un membre de la famille s'en chargeait, ou la recommandeuse qui acceptait, soit de l'argent, soit des cadeaux. Dans certaines paroisses, il y avait la ferme des dévotions comme la ferme des bancs et des chaises. A Vitrac, la municipalité fit même coiffer la fontaine d'un monument avec un tronc pour les offrandes.

Une autre manière de déceler la puissance maléfique était de consulter "celle qui pense", Dans un lieu obscur, les yeux fermés, elle cherche tout en gémissant, bâillant, poussant de profonds soupirs. Ayant trouvé le saint responsable, elle rouvre les yeux et l'indique.

Le jour de la fête des saints patrons guérisseurs, avait lieu un véritable circuit de pélerinages locaux qui n'éloignait pas trop les populations de leur résidence, et qui permettaient d'avoir des remèdes aux maladies les plus fréquentes. Pour les animaux, il y avait, près d'Etagnac, à Etricord, un très grand pèlerinage. Le 26 juin, fête de Saint-Maixent, la foule se pressait à Vitrac. Prières et gestes de dévotion allaient bon train, ainsi que la récitation des Evangiles. Même pendant la messe, on entendait le tintamarre des sabots sur le pavé. Les recommandeuses, drapées dans leur cape noire, chapelet d'une main, "lumé" de l'autre, faisaient les gestes rituels.

Dans une paroisse voisine, le curé excédé par ce bruit, alors qu'il prêchait sur les Noces de Cana, et voyant entrer trois de ces femmes, s'écria : "Mes frères, il manquait trois cruches pour le miracle, les voici !"

 

 

 Fin des moulins du Rivaillon    Le village des braves gens  L'historique de La Grange , trois textes de Léon Tardieu que nous vous invitons à à lire sur le blog de Marc Laura :

  http://www.blog-city.info/fr/charentes.php

 

 

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